Que retenir de l’EADV 2020 pour le psoriasis ?
Des nouveautés :
Un antagoniste de RORγT (BI 730357) a montré des résultats intéressants dans une étude de phase 2 ayant inclus 180 patients, avec 30% des patients atteignant un PASI 75 à la semaine 16 à la dose maximale et un profil de tolérance favorable (4.4% d’infection des voies aériennes supérieures). RORγT est un facteur de transcription jouant un rôle important dans l’activation et la différenciation des cellules Th17.
K Reich Efficacy and safety of BI 730357, a novel oral RORγT antagonist, in patients with moderate-to-severe plaque psoriasis in a Phase II proof-of-concept, dose-ranging study
Le tapinarof topique, traitement local non stéroïdien, modulant les récepteur aryl-hydrocardone a été évalué dans deux études de phase 3 pour des patients avec un psoriasis plutot modéré à sévère (PGA 3 dans 80% ; PASI moyen 9) . Il agit en diminuant l’inflammation (diminution des cytokines IL17A et F, IL4, IL5 et IL13), en augmentant la réponse anti-oxydante et en normalisant la barrière cutanée. Le critère principal (PGA 0 ou 1 avec diminution ≥2 points du PGA /baseline à la semaine 12) était atteint dans 35.4 et 40.2% dans les études PSOARING 1 et 2, versus 6% pour le véhicule. Les effets secondaires les plus fréquents étaient les folliculites, les eczémas de contact, le prurit.
M Lebwohl Tapinarof Cream 1% Once Daily for the Treatment of Plaque Psoriasis: Efficacy and Safety in Two Pivotal Phase 3 Trials.
Des études comparatives:
Mirikizumab (anti IL23p19) versus secukinumab
Etude OASIS :
- objectif principal : démontrer la supériorité de la dose d’induction de mirikizumab versus placebo (SPGA /1 et PASI 90) à la semaine 16
- objectifs secondaires :
- démontrer la non infériorité versus secukinumab à la semaine 16 et à la semaine 52 (SPGA 0/1, PASI 90 et PASI 100)
- démontrer la supériorité versus secukinumab à la semaine 52 (SPGA 0/1, PASI 90 et PASI 100)
Le mirikizumab est supérieur au placebo sur tous les critères d’évaluation à la semaine 16. Il est non inférieur au secukinumab sur tous les critères secondaires d’évaluation à la semaine 16, il est supérieur au secukinumab sur tous les critères secondaires d’évaluation à la semaine 52. La réponse au mirikizumab est durable entre les semaines 16 et 52. Le profil de tolérance était comparable dans les différents bras.
Kim Papp Efficacy and safety of mirikizumab versus secukinumab and placebo in the treatment of moderate-to-severe psoriasis: 52-week results from OASIS-2, a multicenter, randomized, double-blind study
Bimekizumab versus ustekinumab:
Etude BE VIVID:
Résultats présentés :évaluation de l’efficacité du bimekizumab, comparativement à l’ustekinumab dans des sous-groupes de patients (selon l’âge, le poids, l’exposition antérieure à des biothérapies) à partir des données à 52 semaines.
Le bimekizumab est supérieur à l’ustekinumab en termes de PASI 90 et 100 aux semaines 16 et 52. La réponse au bimekizumab est comparable dans les différents sous-groupes de patients analysés.
Proportion de patients atteignant un PASI 100 à la semaine 52
Bruce Strober Bimekizumab versus ustekinumab efficacy across subgroups of patients with moderate to severe plaque psoriasis: Results from the multicentre, randomised, double-blinded phase 3 BE VIVID trial
Nouvelles données sur des molecules déjà commercialisées
Risankizumab :
Efficacité du risankizumab à long terme dans le traitement du psoriasis unguéal, palmo-plantaire et du cuir chevelu.
Etude LIMItless : dont 62.3% des patients avaient une atteinte unguéale, 90.9% une atteinte du cuir chevelu et 31.2% une atteinte palmoplantaire à la baseline.
Amélioration des scores NAPSI (Nail Psoriasis Severity Index) de 73.8%; PPSSI (Psoriasis Scalp Severity Index) de 94.1% et PPASI (Palmoplantar Psoriasis Severity Index ) de 97.4% jusqu’à la semaine 172 en LOCF (last observation carried forward).
Atteinte de scores NAPSI, PPSI ou PPASI =0 respectivement de 61.2%, 76.9% et 87.8% en mNRI (modified non responder imputation) à la semaine 172.
Atteinte d’un score DLQI 0/1 pour 80.7% des patients avec un psoriasis unguéal, 82.4% des patients avec un psoriasis du cuir chevelu et 79.3% des patients avec un psoriasis palmo-plantaire (analyse en mNRI) à la semaine 172.
Boni Elewski Efficacy and Safety of Long-Term Risankizumab Treatment for Nail, Scalp, and Palmoplantar Psoriasis: An Interim Analysis from the Open-Label Extension LIMMitless Trial
Guselkumab:
Etude du maintien de la réponse après interruption du traitement
Analyse de VOYAGE 2 concernant évaluation du maintien de la réponse après arrêt du guselkumab chez les patients présentant un PASI=0, un PASI 0 à 1 et un PASI<1 à la semaine 28 (dernière injection de guselkumab à la semaine 20). Le temps de perte de réponse (PASI ≥1, ≥3, ≥5) était évalué dans les groupes PASI=0, PASI 0 à 1 et PASI<1.
Parmi les patients avec un PASI=0 à la semaine 28, le temps médian d’obtention d’un PASI≥1 est de 25 semaines après la dernière injection de guselkumab. Parmi les patients avec un PASI 0 à 1 à la semaine 28, le temps médian d’obtention d’un PASI≥1 est de 16 semaines après la dernière injection de guselkumab.
Ces données illustrent que le temps médian de perte de réponse dépend de la réponse PASI initiale. Cela permet d’évaluer le maintien de la réponse si le guselkumab doit être interrompu pour un problème intercurrent, tel que infection, grossesse…
C Conrad Sustained response after withdrawal of guselkumab therapy in patients with moderate-to-severe psoriasis: a post hoc analysis of the VOYAGE-2 trial
Efficacité en fonction des comorbidités
Analyses post hoc de VOYAGE 1 et 2 de l’efficacité (PASI 75/90/100, IGA 0/1) et la tolérance du guselkumab (versus adalimumab) dans différentes sous populations : présence d’un syndrome métabolique, tabagisme actif et âge supérieur à 65 ans.
Efficacité numériquement inférieure dans le groupe syndrome métabolique dans tous les bras de traitements, mais avec un impact plus prononcé pour l’adalimumab. Tolérance était par contre comparable dans les groupes avec ou sans syndrome métabolique.
Au contraire du guselkumab pour lequel la réponse était homogène suivant le tabagisme, la réponse à l’adalimumab était numériquement inférieure chez les fumeurs/anciens fumeurs en comparaison aux non-fumeurs. Une proportion un peu plus élevée des patients fumeurs ou anciens fumeurs présentaient des effets indésirables en comparaison au non fumeurs, principalement des infections.
Efficacité et tolérance similaires chez les patients de plus et de moins de 65 ans. Données sont à interpréter en prenant en compte le faible nombre de patients de plus de 65 ans dans la population de l’étude
K Reich, A Blauwelt, L Guenther Response to Guselkumab Treatment Among Psoriasis Patients with and without Metabolic Syndrome, by baseline smoking status, in patients 65 years of age or older: Post Hoc Analyses from VOYAGE 1 and VOYAGE 2
Tildrakizumab : tolérance à long terme (5 ans)
Données issues des études reSURFACE 1 et 2, dans lesquelles les patients répondeurs PASI 50 à la semaine 50 pouvaient entrer dans une étude d’extension de 4 ans. Au total 1800 patients étaient inclus (tildrakizumab 200mg n=928, 100mg n=872).
Evènements cardiovasculaires majeurs (MACE) ( infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, angor, revascularisations coronariennes, arrêts cardiaques et morts d’origine cardiovasculaires) . Le taux de MACE était de 0.7/100 patients-années pour la dose de 200 mg et de 0.5/100 patients-années pour la dose de 100mg.
Le tableau 1 précise le taux d’incidence pour 100 patients-années en fonction de la dose de tildrakizumab pour les MACE les plus fréquents. Il n’y avait pas d’effet dose dans le taux de MACE. A noter qu’un décès d’origine cardiovasculaire était rapporté à la dose de 100mg.
Incidence pour 100 patients-années | ||
Type de MACE | Tildrakizumab 100mg | Tildrakizumab 200mg |
Infarctus du myocarde | 0.07 | 0.15 |
Maladie coronarienne | 0.04 | 0.15 |
Angor | 0.04 | 0.07 |
Accident vasculaire cérébral | 0.07 | 0.04 |
Sténose coronarienne | 0 | 0.11 |
Tableau 1. Taux d’incidence pour 100 patients-années des MACE les plus fréquents
Les cancers incluaient les cancers en général et les cancers cutanés non mélanomes.
Le taux d’incidence pour les cancers cutanés non mélanomes était de 0.4 pour 100 patients-années aux doses de 100 et 200 mg, principalement des carcinomes basocellulaires.
Le taux d’incidence des cancers (hors cancers cutanés non mélanomes) était de 0.6/100 patients années pour la dose de 200 mg et de 0.7/100 patients années pour la dose de 100mg. Les cancers les plus fréquents étaient les mélanomes in situ et les adénocarcinomes rectaux.
Les infections sévères étaient les infections répondant aux critères des effets secondaires sévères, ou nécessitant une antibiothérapie.
Le taux d’infection sévère était de 1.3/100 patients années pour la dose de 200mg et 1.2/100 patients-années pour la dose de 100mg. Le taux d’infection sévère était faible et stable au cours du temps. Aucun nouveau signal n’était mis en évidence au cours du temps.
Psoriasis pédiatrique
Secukinumab
Résultats à un an d’une étude de phase 3, évaluant deux doses de secukinumab (faible et forte doses) versus placebo et etanercept chez des patients pédiatriques (6 à 18 ans) avec un psoriasis sévère.
125 patients de 12 à 18 ans et 37 patients de 6 à 12 ans étaient inclus, avec un poids moyen de 53.5 kg. (poids >50 kg pour 52.5% des patients) et un PASI moyen de 28.
Les deux doses de secukinumab étaient statistiquement supérieures au placebo à la semaine 12 pour les scores PASI 75, 90 et 100 et à l’etanercept pour le PASI 90. Les données d’efficacité jusqu’à la semaine 52 sont présentées dans la figure ci-dessous. Parmi les patients de plus de 50 kg, les résultats étaient meilleurs pour la dose élevée par rapport à la dose faible de secukinumab.
Tolérance : effets secondaires de sévérité légère à modérée. Les plus fréquents étaient les nasopharyngites, les céphalées et les pharyngites. L’incidence des candidoses était de 2.5% dans les bras secukinumab (0% dans le bras etanercept). Aucun cas de maladie inflammatoire chronique de l’intestin n’était rapporté. Un cas d’idées suicidaires était reporté dans le bras secukinumab faible dose.
C Bodemer Secukinumab demonstrated high efficacy and a favorable safety profile in pediatric patients with severe chronic plaque psoriasis: One-year results
Ixekizumab
Etude IXORA-PED phase 3, randomisée, contrôlée en double aveugle, ayant évalué l’efficacité de l’ixekizumab (dose dépendant du poids) chez des patients pédiatriques (6-18 ans) atteints de psoriasis modéré à sévère. Sous étude incluant un bras etanercept (ETN) dans les pays d’Europe ayant l’AMM pour le psoriasis pédiatrique.
Analyse post hoc dont l’objectif est d’évaluer la réponse à l’ixekizumab, à l’ETN et au placebo en PASI absolu (plutôt qu’en amélioration du PASI), et de déterminer si le score PASI absolu est corrélé aux PRO (dont le Child DLQI).
171 patients étaient inclus dans l’étude IXORA-Ped (ixekizumab n=115, placebo n=56) et 87 dans la sous étude ETN (placebo n=19, ETN n=30 et ixekizumab n=38). L’ixekizumab est supérieur au placebo sur tous les points; il est supérieur à l’etanercept pour les PASI absolu ≤1 et≤2 à tous les points d’évaluation, mais pas à la semaine 12 pour le PASI absolu ≤5. Un PASI absolu bas est corrélé avec un score 0/1 au Child DLQI, au PGA 0 ou 1 et au score de prurit=0 à la semaine 12 chez les patients traités par ixekizumab.
A Pinter Absolute Psoriasis Area and Severity Index comparison of ixekizumab to etanercept and placebo in paediatric patients with moderate-to-severe plaque psoriasis
Auteur : Dr Anne-Claire Fougerousse, dermatologue HIA Bégin Saint-Mandé (94), coordinatrice GEM Reso